Goodbye Colorado
Aujourd’hui, nous déménageons des États-Unis pour nous installer en France.
À l’heure où je quitte ce magnifique pays aux reliefs époustouflants, je ne sais quelle direction il prend. Les États-Unis bouillonnent. Ils bouillonnent d’une histoire marquée au fer rouge par trop de fusillades et d’actes racistes ouvertement exprimés. Par trop de divisions entre une majorité enferrée dans un système politique qui semble obsolète et une minorité conservatrice qui la méprise, jette de l’huile sur les plaies du passé et remet en cause les acquis démocratiques. Les États-Unis sont désunis.
J’ai passé dix-sept années dans cet immense pays aux identités plurielles.
Une sacrée tranche de vie pendant laquelle j’ai donné naissance à mes deux filles, fondé une famille bruyante, acheté, vendu et acheté de nouveau une maison, adopté tout plein d’animaux dont la belle Izzy à la truffe noire et chaude emportée par un cancer et la douce Minette également disparue.
Presque deux décennies, tissées de joies, de découvertes, de rencontres merveilleuses ou étranges, de déconvenues et de petits et grands chagrins.
De Bush à Biden, ne regardons ici que les moments heureux.
Oubliée la première année donc à Salt Lake City, Utah, et les quelques déceptions professionnelles. Passons aussi sur les parenthèses Covid, l’élection de Trump, les incendies en Californie, la mort de George Floyd, l'invasion du Capitole.
J’emporte avec moi une valise imaginaire remplie de paysages uniques et de belles rencontres figés à jamais dans le souvenir des visages, des mots, des photos, des odeurs et des moments partagés.
La Californie d’abord et Los Angeles où nous avons vécu neuf années riches en rebondissements, à l’image de cette ville tentaculaire et colorée qui semble ne jamais se reposer. Le shopping sur Third street ensoleillée et ses magasins chics. Les restos d’Abbot Kinney. L’animation bariolée de Venice Beach. Les plages immenses près de Mariner’s Village, les goélands souriants, le sable chaud de Mom’s Beach, et le Cheesecake Factory où j’avalais des assiettes de pâtes monstrueuses lorsque j’étais enceinte.
Puis notre arrivée au Colorado un 31 décembre, au milieu d’une tempête de neige.
Denver, Mile High City, la ville la plus élevée des States, nichée entre plaines, prairies et rocheuses. C’est grâce à elle que je suis (re)tombée amoureuse de la montagne et d’un mode de vie plus calme, harmonieux et nonchalant.
Les sushis du Stanley Market. Le shopping avec les filles au Cherry Creek mall. Les Snow Day (jours d’école fermés à cause de la neige). Les stalactites de glace étincelantes dans la lumière fraîche du matin. Les virées à Boulder pour randonner Chautauqua Park et casser la croûte au Frigo. Le luxueux Broadmoor Hotel à Colorado Springs, entre deux épidémies de Covid. Les majestueuses roches rouges du Garden of the Gods. Les quatre heures de route en direction de Steamboat un week-end sur deux, pour dévaler les pistes de ski en hiver ou la rivière Yampa en bouée en été. Les chutes spectaculaires de Fish Creek Falls et les piscines brûlantes de Old Town Springs. Les burgers inégalables de Back Door Grill. Les amis du Mexique, d’Espagne, de France, d’Équateur, des States.
Et enfin la belle lumière versatile de Denver et les couchers de soleil explosifs sur Central Park. J’en ai profité jusqu’au dernier soir.
Goodbye Denver. Tu vas me manquer.